!css

Elections américaines : la vague bleue n'aura pas lieu

La vague bleue n’aura pas lieu. Au cours des six derniers mois les marchés se sont fait à l’idée d’une alternance aux Etats Unis marquée par une nette victoire des démocrates emmenés par Joe Biden. C’était sans compter sur les ressources insoupçonnées du candidat D. Trump dans sa capacité à mobiliser son électorat.

 

Une remontée surprise de D. Trump après un parcours en tête de J. Biden
La gestion chaotique de la crise sanitaire du Covid ainsi que l’engagement à abroger l’Obamacare, le mécanisme américain d’assurance santé, en pleine épidémie, semblait en effet avoir sonné le glas de l’ère Trump à la présidence des Etats Unis. Le candidat démocrate avait ainsi développé une avance dans les sondages de plus de sept points par rapport à son adversaire républicain. En 2016, alors qu’elle ne disposait que d’une faible avance dans les sondages, Hillary Clinton avait pourtant perdu l’élection. Force est de constater qu’en 2020, Donald Trump a su mobiliser et même galvaniser son électorat pour compenser son retard dans les sondages.

Une victoire nette de Trump en Floride qui met fin aux espoirs de vague bleue
La Floride, qui emporte 29 grands électeurs sur les 270 nécessaires à l’élection a souvent été le « swing » state le plus disputé. L’abrogation des lois électorales a permis de décompter les voies en avance et la Floride a été l’un des premiers Etats à publier des résultats partiels favorables à D. Trump dans la nuit. La perte de cet état clé rend difficile la victoire de J. Biden et écarte d’autant la possibilité de remporter une majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. L’agenda politique de Biden est donc remis en cause. Et on se dirige vers un statu quo au Congrès avec un Sénat qui resterait républicain et une chambre des représentants démocrate.

Le résultat de l’élection suspendu aux résultats de nouveaux états clés.
Le dépouillement des résultats n’est pas terminé et devrait continuer encore quelques jours, dans des états clés comme la Pennsylvanie et pourrait faire pencher la balance pour un candidat. Mais au soir de l’élection aucune majorité claire ne se détache. Néanmoins compte tenu du ballotage favorable au candidat républicain dans les « swing states » il semble difficile pour J. Biden de refaire son retard et ses chances de victoires apparaissent aujourd’hui assez compromises. Si le candidat J.Biden a pu faire preuve d’une certaine retenue, D.Trump revendique clairement la victoire et se montre menaçant sur le front judiciaire.


Quelles implications pour les marchés ?

Quelle que soit l’identité du gagnant de l’élection présidentielle il semble déjà acquis que le Congrès va rester divisé avec un Sénat républicain et une Chambre des représentants démocrate. L’agenda économique des démocrates est donc remis en cause. On peut s’attendre à un plan de soutien d’une moindre envergure et à l’abandon du programme d’investissement vert pour la transition énergétique des Etats Unis. Il faut par conséquent continuer de privilégier les valeurs de croissance et de qualité au détriment des cycliques et des petites valeurs. Sur le front des taux d’intérêt, de la même manière le potentiel de forte repentification de la courbe américaine est donc moins flagrant.

Pour les marchés en revanche il faut reconnaître que le programme démocrate n’était pas particulièrement favorable avec notamment la volonté de remonter le taux d’impôt sur les sociétés à 28% contre 21% et de créer un nouvel impôt sur les revenus du capital. On se souvient que le volet fiscal de la mandature républicaine avait significativement dopé la croissance des résultats des entreprises américaines et participé à la bonne tenue des marchés d’actions américains ces quatre dernières années. Les investisseurs qui s’étaient fait à l’idée d’une alternance démocrate devraient par conséquent saluer le statut quo fiscal lié à la division du Congrès.

Responsable de la gestion d'actifs Société Générale Private Wealth Management