!css

Climat : Le point de bascule

17/03/2021

À chaque nouveau cycle économique, les marchés financiers se retrouvent sur un point de bascule. Dans un premier temps, une nouvelle approche d’investissement se retrouve intégrée par des investisseurs pionniers. Dans un second temps, cette approche atteint un niveau d’adhésion suffisant pour lui assurer un avenir durable. À l’orée d’un nouveau cycle économique, ce sont les investissements à impact positif et plus particulièrement la thématique du climat, qui se retrouvent sur ce point de bascule.

 

En dépit d’une baisse historique des émissions de CO2 en 2020, cette année restera dans les annales comme l’une des plus chaudes de notre ère moderne. Les phénomènes climatiques extrêmes, les nombreuses manifestations citoyennes et la prise de conscience de la fragilité de notre écosystème avec la pandémie, ont poussé les sociétés, les gouvernements et les investisseurs, à réagir. À l’échelle mondiale, nous constatons ainsi une véritable accélération de l’engagement envers les accords de Paris. 

Ce mouvement de fond implique toutes les nations : l’Union Européenne, lors de la COP de Madrid en fin 2019, a été le premier grand acteur à plaider pour un continent zéro émission à l’horizon 2050. En septembre dernier, le président Xi Ji Ping a engagé la Chine vers cet objectif de zéro- émission à l’horizon 2060 pour répondre au rêve chinois d’avoir de nouveau un ciel bleu. La Chine est responsable de plus de 20% d’émissions de CO2 mondiaux, cet objectif est incomparable avec les engagements précédents jugés trop timides. Un plan d’actions concret doit suivre, mais les premières réglementations et les premiers investissements vers plus d’énergies renouvelables et la mobilité durable sont déjà visibles. Enfin, à la première journée de sa présidence, Joe Biden a réintégré les États-Unis vers les Accords de Paris et tente désormais de repositionner le pays comme l’un des leaders de la lutte contre le réchauffement climatique.

L’année 2020 a également vu une augmentation de 300% du nombre de sociétés engagées à s’aligner sur les accords de Paris via l’initiative SBT - Science-Based Target. La responsabilité sociale et environnementale (RSE) se positionne désormais comme l’une des préoccupations majeures des entreprises et trouve sa place au cœur de leur stratégie. Les entreprises accélèrent la création de valeur, de produits et de solutions plus adaptés au futur, plus recyclés, plus durables, plus responsables, moins polluants. Conduites par l’innovation de leurs salariés, les entreprises sont de plus en plus en nombreuses à s’impliquer et à se fixer des objectifs ambitieux dans ce domaine. Citons par exemple, la transparence des reportings sur les émissions de CO2 et l’accès aux données extra-financières qui se sont largement améliorés. 

Tous les secteurs économiques sont concernés par ce changement de modèle et se transforment : Par exemple, l’évolution technologique permet de faire baisser le prix de l’électricité issue de sources renouvelables pour la rendre aussi compétitive que celle provenant des énergies fossiles. Pour atteindre les objectifs de Paris, la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique doit encore se renforcer, notamment avec la hausse de l’utilisation de l’électricité pour la mobilité. Portées par une évolution des mentalités et malgré des déplacements fortement contraints par la crise sanitaire, les ventes européennes de voitures électriques sont ainsi en hausse de 52% en 2020. On estime qu’en 2030, un tiers des voitures vendues dans le monde sera électrique. Concernant l’agriculture, responsable de 24% des émissions mondiales, la prise de conscience des consommateurs, le déploiement de nouvelles technologies et des programmes de transformation, va accélérer la transformation de ce secteur. Dans le secteur de la construction, les bâtiments, avec de meilleures isolations et des capteurs intelligents seront de moins en moins énergivores. L’informatique n’est pas en reste avec la hausse continue de capacité des puces informatiques qui permettra d’améliorer l’efficacité énergétique. Enfin, le cycle de gestion des déchets, le recyclage et l’économie circulaire feront eux aussi partie des thèmes gagnants des prochaines années.


Dans ce contexte, le monde financier évolue également. Dans une perspective d’investissement long-terme, il est désormais indispensable de considérer les risques climatiques. Plusieurs grands fonds de pension se sont ainsi désengagés l’année dernière des secteurs les plus polluants, comme le charbon ou le secteur pétrolier. Pour ces sociétés précédemment valorisées sur les estimations des réserves de matières premières, il est désormais communément admis que ces ressources ne seront pas extraites du sous-sol dans leur totalité. Ce concept connu sous le nom de « stranded assets » fait évoluer le mode de valorisation de ces secteurs en tenant compte de la lutte contre le réchauffement climatique. Les investisseurs institutionnels s’interrogent également sur les solutions pour intégrer les risques climatiques dans l’allocation d’actifs et aligner leurs portefeuilles avec les objectifs fixés par les accords de Paris. Ainsi, en modélisant l’impact de chaque société, chaque secteur, chaque pays et leur alignement individuel avec l’objectif d’une hausse de 1,5 degré, il est désormais possible d’estimer la trajectoire globale d’un portefeuille. Ce qui permet d’évaluer et positionner le portefeuille par rapport à un scénario du réchauffement climatique. 

Avec ces objectifs de neutralité carbone à horizon 2050, l’action pour le climat est devenue bien plus qu’une tendance sociétale, elle est politiquement ancrée sur le long terme. Les nouveaux plans de relance, des consommateurs de plus en plus exigeants ainsi que les développements et innovations technologiques permettront de faire émerger les grands gagnants de demain. Chez Société Générale Private Banking, nous proposons d’aller encore plus loin en agissant sur la thématique de l’action pour le climat via l’investissement dans les leaders de cette transformation, capables de mener leurs pairs vers plus d’énergies renouvelables, vers une mobilité durable ou une meilleure efficacité énergétique. Investir dans les actions pour le climat vise à permettre d’assurer une meilleure visibilité sur ces investissements, mais également, de contribuer à un avenir plus durable en délivrant un impact positif.

Petra BESSON-FENCIKOVA, CFA Head of ESG investments Portfolio Manager