Victoire de Trump : Une Vague Républicaine Qui Façonne l'Avenir Économique et Géopolitique des États-Unis
La victoire de Trump consolide le pouvoir républicain, facilitant des politiques protectionnistes, des baisses d'impôts et une dérégulation. Si ces mesures soutiennent la croissance à court terme, elles posent des risques d'inflation et d'incertitudes géopolitiques. En Europe, la croissance reste modérée, tandis que les marchés émergents souffrent des tensions commerciales et monétaires.
Victoire de Trump : Une vague républicaine qui façonne l'avenir économique et géopolitique des États-Unis
La victoire du camp Trump est nette. Le Parti républicain ressort renforcé de ces élections et s’apprête à gouverner le pays avec les pleins pouvoirs. En avance dans les décomptes pour le contrôle de la Chambre des Représentants. Les républicains sont déjà certains d’obtenir la Maison Blanche et le Sénat. Ils conservent également une majorité à la cour suprême. Cette vague républicaine permettra au nouveau président de déployer sa politique sans risque de blocage institutionnel, avec une grande latitude d’action.
Les points saillants du programme républicain portent sur la politique commerciale et l’immigration. Concernant la politique commerciale, et pour faire écho à sa première mandature, le nouveau président aura à cœur de défendre vigoureusement les intérêts commerciaux des États-Unis. Il a en effet proposé de taxer l'ensemble des importations à hauteur de 20 %, et même 60 % pour celles en provenance de Chine. Le pari de l’administration est que les entreprises étrangères déploient des capacités de production sur le sol américain afin d'éviter d’être frappées par ces droits de douane, stimulant ainsi l’investissement et l’activité aux États-Unis. Ces tarifs douaniers devraient constituer une manne permettant de financer la réduction du taux d’impôt sur les sociétés, de 21 % à 20 %, pour les entreprises qui produisent aux États-Unis.
Le contrôle de l’immigration et l’expulsion des immigrés en situation irrégulière sont également des promesses de campagne importantes du président américain. La mise en œuvre de telles mesures semble cependant difficile à réaliser sur les plans administratif et législatif. Alors que le chômage est très bas, l’expulsion d’un grand nombre de travailleurs immigrés risque de contraindre les capacités de production, voire de créer un choc d’offre. La réduction de la main-d'œuvre dans les secteurs qui dépendent fortement du travail des immigrés, comme l’agriculture ou la construction, pourrait en effet restreindre l’offre et affecter l’activité.
Le président Trump est également un fervent partisan de la déréglementation. On peut donc s’attendre à un assouplissement de la réglementation dans différents secteurs, notamment le secteur bancaire, avec des allègements des règles en matière de fonds propres. Des assouplissements réglementaires sont également à prévoir dans les secteurs de la technologie et des cryptomonnaies.
Sur la scène internationale, et dans la continuité de son premier mandat, Trump envisage la politique extérieure de manière transactionnelle et bilatérale. Ses prises de position peuvent inquiéter ses partenaires. Ce volet de son programme ouvre la voie à plus d’incertitudes que de certitudes, notamment concernant l’Ukraine, le Moyen-Orient ou Taïwan.
Quelles perspectives pour l’économie et les marchés :
L’allègement de la fiscalité, la déréglementation et les mesures d’incitation à l’investissement sont autant de facteurs de soutien à l’activité, et donc positifs pour les marchés. Seule ombre au tableau : la trajectoire des déficits publics aux États-Unis restera négative, et pourrait même devenir préoccupante, aucune consolidation budgétaire n’étant envisagée à ce jour. Le solde budgétaire devrait demeurer déficitaire, autour de 6 à 7 % du PIB, en fonction de l’étagement des mesures fiscales.
De plus, les choix de politique économique font peser un risque sur l’inflation, en particulier en raison des droits de douane et des expulsions conséquentes de travailleurs immigrés. À l’horizon 2025, toutefois, les forces désinflationnistes devraient prendre le dessus, ce qui pourrait confirmer une trajectoire de réduction des taux directeurs par la Réserve fédérale.
Les perspectives restent donc globalement favorables aux marchés actions. Les plus petites valeurs, qui avaient affiché un retard significatif de performance par rapport aux grandes capitalisations, devraient tirer leur épingle du jeu aux États-Unis. Nous restons également favorables aux très grandes capitalisations, notamment dans le secteur technologique, qui bénéficie de l’essor des investissements liés à l’intelligence artificielle. Sur les marchés obligataires américains, la partie courte de la courbe des taux devrait rester ancrée. En revanche, on peut s’attendre à une augmentation de la prime de terme sur les taux longs, reflet des trajectoires des déficits publics et des incertitudes sur l’inflation. Nous privilégions donc les stratégies de portage sur des durations courtes à moyennes.
En Europe, la croissance économique marque le pas, en particulier dans l’industrie. De plus, la consolidation budgétaire en cours dans certains pays pèsera nécessairement sur la croissance. Les ménages, pour leur part, entrent dans une phase plus favorable du point de vue du pouvoir d'achat, avec une croissance des salaires supérieure à l’inflation. Cette situation de hausse des salaires réels devrait soutenir la confiance des consommateurs et stimuler la demande des 440 millions d’Européens. Une fois n’est pas coutume, les pays d’Europe du Sud affichent aujourd'hui de meilleures performances économiques que ceux du Nord. Ils bénéficient des effets des plans de relance européens, d’une meilleure dynamique du marché du travail et d’une activité soutenue dans les services.
Nous maintenons une approche constructive sur les marchés actions européens, basée sur une croissance faible mais résiliente, ainsi que sur les perspectives de raffermissement de la consommation. À plus long terme, et c’est l’un des enseignements du rapport Draghi sur la compétitivité européenne, les pays de la zone euro doivent mettre en œuvre une politique industrielle cohérente, renforcer l’innovation et alléger le fardeau réglementaire afin de combler l'écart de croissance avec les États-Unis et la Chine.
La dynamique de désinflation est plus marquée en Europe qu’aux États-Unis et devrait permettre une poursuite des baisses de taux directeurs à un rythme soutenu. Au Royaume-Uni et en Suède, les ménages se financent largement à taux variable, ce qui rendra l'effet des baisses de taux plus rapide que dans d’autres pays européens.
Les marchés obligataires en zone euro, et plus généralement les actifs à rendement fixe, sont à privilégier dans cette phase de baisse des taux. Les anticipations d'inflation restent bien ancrées en zone euro, et la récente hausse des taux longs, en symétrie avec les taux en dollars, constitue une opportunité à court terme.
Alors qu'on entre dans une phase de tensions commerciales, la situation des pays émergents devient plus préoccupante. Le commerce mondial reste en croissance, mais on observe une fragmentation accrue, avec la mise en place d'une logique de blocs régionaux. Les échanges commerciaux demeurent importants au sein de ces derniers, mais se détériorent au niveau mondial. De plus, les tensions sur le dollar devraient peser sur le financement des économies émergentes, en particulier pour celles qui souffrent d’une balance courante déficitaire.
Avec une majorité renforcée, l’administration Trump va mener une politique favorable à la croissance. Il s'agit à la fois d’une politique de l’offre, avec des baisses d’impôts sur les sociétés et la stimulation de l’investissement, et d’une politique de rupture sur les volets de l’immigration et des droits de douane. Plus de croissance à court terme, mais aussi certainement plus d’incertitudes, en matière de financement, d’inflation et de géopolitique. Il faut s’y préparer avec une allocation d’actifs constructive mais flexible, opportuniste mais diversifiée.
Article paru dans Agefi Luxembourg et Paperjam.
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